Sainte-Victoire 1900

Sainte-Victoire 1900

Quand on parle de la montagne Sainte-Victoire on pense bien sûr à Paul Cezanne ! 

Il a réalisé près de 80 œuvres, huiles ou aquarelles la représentant. 

Mais elle a aussi inspiré les quatre photographes de la famille Ely, Henry, Hugo, Jean et Jean-Eric, qui en ont fait de nombreux clichés. 

La composition de cette photo de Henry Ely est très recherchée. Le premier plan est partagé par l’axe du chemin en deux parties quasiment égales. Il est fermé par les masses de végétation, pin à droite et arbres à gauche, formant comme un point de fuite où se trouvent les promeneurs. 

Là, au centre de la photo, se rejoignent les lignes des bords du chemin, du talus et de la ligne formée par la cime des arbres à gauche. 

Le second plan où se trouve la maison à gauche forme un arrondi harmonieux avec le haut du gros pin. Le tout est dominé à l’arrière-plan par la majestueuse Sainte-Victoire. 

Ce cliché de Henry Ely est une photographie réellement artistique. 

La photographie de Henry Ely date de 1900. Dans cette même période, Cezanne a peint plusieurs œuvres avec pour motif la montagne Sainte-Victoire. 

On peut rapprocher le tableau de Cezanne "Sainte-Victoire au-dessus de la route du Tholonet" (1896-1898) de la photo de Henry Ely. 

Le photographe et le peintre ont la même source d’inspiration et l'angle de vue face à la montagne semble le même.

Comme le cliché de Henry Ely, le tableau peint par Cezanne dans les dernières années représente un chemin avec, en arrière-plan, la montagne Sainte-Victoire et sa forme caractéristique en triangle. D’autres éléments présents sur la photo se retrouvent aussi sur le tableau : le grand pin, la maison sur le côté opposé du chemin, la végétation. 

A propos du chemin, on peut noter un autre point commun entre la photographie de Henry Ely et le tableau de Cezanne. 

Par sa place centrale et son mouvement en diagonale, le chemin donne une forte dynamique à la photo comme au tableau.

Le thème de la route tournante, comme celui du chemin en général, est récurrent dans l’œuvre de Cezanne. 

On peut citer, entre autres, La Route tournante ; Matinée de printemps à Saint-Antonin (1900-1906), La Route tournante en haut du chemin des Lauves (1904-1906) ou encore l’aquarelle Route tournante près d’Aix (1900-1906) en dépôt au Musée Granet par le Musée d’Orsay et même dans une période précédente La route tournante en Provence (vers 1866). 

La photo de Henry Ely est très précieuse car elle permet de voir le paysage réel tel qu’il était dans le temps où Cezanne a peint le tableau. 

Ce chemin de terre caillouteux au Tholonet était, déjà à l’époque, un lieu de promenade assez fréquenté comme le montre le nombre de personnes présentes sur la photo. 

Vu leur tenue, elles ne sont sans doute pas en chemin pour aller au sommet de la montagne qui semble bien loin. 

Paul Cezanne a, lui aussi, beaucoup fréquenté ces lieux. 

Dès sa jeunesse, il allait très souvent avec ses amis du collège Bourbon, Emile Zola et Baptistin Baille, dans la campagne aixoise, sur les bords de l’Arc et aussi autour de la Sainte-Victoire vers Le Tholonet. Il parcourra à nouveau ces lieux quand il viendra peindre sur le motif les paysages autour du cabanon loué à Bibémus. 

Site emblématique d’Aix et du pays d’Aix, la montagne Sainte-Victoire a été un thème récurrent pour Paul Cezanne comme pour les quatre générations de photographes du Studio Ely. 

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